samedi 21 avril 2012

LE CORBUSIER... ENCORE !

Le gymnase de Bagdad dessiné par Le Corbusier (12 avril 2012)
Un gymnase commandé à Le Corbusier en 1957 par l’Irak, et achevé sous Saddam Hussein dans les années 1980, est en train d’être restauré à Bagdad.

Le Gymnase de Bagdad, situé dans l’est de la capitale irakienne, n’est qu’un élément de la vaste Cité olympique projetée par un pays alors ouvert sur le monde, qui espérait accueillir les J.O. de 1960. Le Corbusier était alors au sommet de sa gloire.

La révolution de 1958 a mis le projet en sommeil, Saddam Hussein l’a réveillé en 1980. Il a été achevé deux ans plus tard, bien après la mort de son concepteur, décédé en 1965.

Le gymnase de Bagdad dessiné par Le Corbusier
Les spécialistes occidentaux ignoraient tout du gymnase. C’est une chercheuse française, Caecilia Pieri, qui l’a découvert en 2005, inconnu même de la Fondation Le Corbusier. Avec l'aide de la France, la rénovation est en cours mais tend à s’éloigner de la vision du maître : les gradins se sont couverts de sièges de couleurs vives, des faux plafonds bloquent la lumière zénithale dans les vestiaires. Cependant, la ligne générale de l'édifice, avec ses courbes caractéristiques, et la façade extérieure lui restent fidèles, avec les symboles fétiches de Le Corbusier gravés dans le béton, ainsi que cette conviction : « Là où naît l’ordre naît le bien-être ».

lundi 9 avril 2012

BD : PROFUSION

Angoulême 2012


  • Un président du jury hors norme
C'est, en effet, une des grandes figures de la BD américaine qui a présidé, cette année, aux destinées du festival d'Angoulême. Son univers est bien loin des "petits Mickeys" dénoncés par les détracteurs du 9ème art. C'est dans l'interrogation la plus lourde et la plus douloureuse du 20ème siècle qu'Art Spiegelman a trouvé son public et son succès, à laquelle il aura consacré plus de 20 ans de sa vie et aussi pour tenter de comprendre un père, rescapé d'Auschwitz, disparu en 1982.

Le récit, où les personnages sont incarnés par des souris et des chats, ne banalise ni n'atténue en rien la monstruosité : cette transposition aide peut-être simplement à supporter l'abominable. La puissance de cet ouvrage est renforcée sans doute par la simplicité du trait et le choix du noir et blanc. Et le jury du Pulitzer en 1992 ne s'y est pas trompé, en décernant ses lauriers pour la première fois à une BD.

Spiegelman publie cette année Metamaus, retraçant tout l'historique de ce récit de la vie de son père Vladek, à travers laquelle est racontée la Shoah. Textes, croquis, dessins, interviews, lettres, conversations... tout y est et cela permet de mesurer à la fois l'exigence du travail et la profondeur du doute sur une telle entreprise. Metamaus pose aussi la question de la place et de la responsabilité de l'artiste devant un tel sujet qui le hante et continue de le hanter dans sa dimension historique et dans son implication personnelle.
À voir : exposition au Centre Pompidou

  • Le grand prix 2012 : Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle
Après Pyong Yang, Chroniques Birmanes, Shenzen, Guy Delisle poursuit ses ouvrages au gré des missions d'une compagne travaillant dans l'humanitaire. La dernière livraison de ces péripéties nous emmène à Jérusalem où nous découvrons, dans le dessin stylisé et sobre de cet auteur, les arcanes complexes de la ville trois fois sainte, peut-être, mais surtout au cœur d'un imbroglio géopolitique tellement verrouillé que la vie quotidienne y devient une aventure de tous les instants, non sans risques mais aussi avec la promesse de rencontres surprenantes. Une sorte de planète posée sur une poudrière, en équilibre instable et dont nous avons ici un vadémécum illustré dont la validité doit pouvoir changer dans la minute suivante.
Situations banales qui tournent au cauchemar ou à l'absurde, personnages hauts en couleur et n'ayant plus conscience de vivre dans un univers parallèle, communautés repliées sur elles-mêmes dans une des villes les plus cosmopolites, royaume de la corruption et de la violence sur la terre où fut délivré la parole de Dieu...
Passionnant et d'une grande lucidité.

  • Retour vers la couleur
    Merci à Maylis pour la présentation de cette BD qui n’en est pas une... ni un roman graphique... C’est une histoire en image.

    Les Amateurs, de Brecht Evens (Ed. Actes Sud)