jeudi 29 novembre 2012

PETIT MÉLANGE DE GENRES

Quelques suggestions et impressions avant la fin du monde...


Les Mayas et une 1567ème (ou plus...) annonce de la fin du monde !

Laissons donc les Mayas en paix, au fait, avaient-ils prévu leur propre fin ?
Mais, au cas où, profitez de ces dernières semaines pour voir et découvrir plein de choses et advienne que pourra !
MAYA NO...

Bien, ceci étant posé, où aller ?


  • Théâtre du Châtelet
Certes, le propos a un peu vieilli ; le côté fleur bleue, romance prête à sourire mais les grandes chorégraphies donnent encore des fourmis dans les jambes et les danseurs renvoient une énergie considérable... d'ailleurs j'ai mis un peu de temps à m'endormir en rentrant hier soir !
À défaut du théâtre, regardez le film quitte à accélérer à certains moments...
Et voilà un paysage urbain de plus à mettre à notre crédit, pourquoi pas ?

  • Expositions
Nécessaire : Rétrospective DALÌ.
Un monument de la peinture du 20ème siècle, une intelligence aigüe et une curiosité universelle, un sens de la provocation percutant etc.
Bravo à Beaubourg pour cette belle initiative, et ne pas oublier de consulter le site de l'exposition.


Nécessaire (bis) : CHAÏM SOUTINE au musée de l'Orangerie.
Une peinture d'écorché vif, qui traîne avec lui toute une misère morale et matérielle, liée à la douleur de l'exil, et sublimée par une palette intense et des rouges inoubliables.
Jusqu'au 21 janvier 2013.



Plus frivole mais superbe : L'IMPRESSIONNISME ET LA MODE au musée d'Orsay.
Sous l'explosion des couleurs et des chatoiements du pinceau versicolore des impressionnistes, se lit aussi une histoire du vêtement et en particulier de celui des femmes qui exprime et conditionne leur statut social.


Une atmosphère proustienne : JACQUES-ÉMILE BLANCHE.
Peintre et portraitiste renommé mais aujourd'hui méconnu, il nous ramène dans les salons de la Belle Époque avant que n'éclate le conflit de 14-18. C'est un monde brillant mais un peu désabusé, qui oscille entre frivolité et gravité pour décrire une époque de grand doute sous une apparente maturité.

La fondation Pierre Bergé - YSL offre son cadre somptueux pour cette restitution d'un "temps perdu".

Et un très beau dossier de presse à lire ici.


Et pour mémoire, MARY CASSATT à la Fondation Mona Bismarck
,
sans oublier le Grand Palais dans deux registres différents :

            
                                   EDWARD HOPPER                                  BOHÈMES
                                   Site expo "Hopper"                            Site expo "Bohèmes"

jeudi 15 novembre 2012

QUELQUES VALEURS SÛRES

Rome à la Toussaint, le projet ne manquait pas de charme et la perspective de quelques déambulations vespérales n'était pas pour me déplaire mais il fallait compter avec une certaine fatigue en fin de journée et quelques averses dont cette ville a le secret ! Et si Rome est éternelle, elle est aussi capricieuse et imprévisible : l'alternance ou la conjonction de ces caractéristiques ont donc sérieusement diminué les ambitions.



Mais il y eut bien d'autres grands moments comme à Tivoli

Pluie et vent ayant efficacement nettoyé le ciel, la découverte de la villa d'Este s'est faite sous un grand soleil, sans hordes de touristes... Nous oublierons le déjeuner insipide et onéreux qui nous fut servi aux portes de la Villa Hadriana. L'empereur aurait certainement donné son cuisinier comme apéritif à ses crocodiles !

Les imposants vestiges de la résidence d'Hadrien

De lumineuses explications et une magnifique maquette nous lancent dans l'exploration des nombreux hectares de cette résidence de l'empereur Hadrien... Et elle s'achève dans le cadre du théâtre maritime où la lecture de quelques lignes des Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar achève ce voyage dans le temps.

Alors, pour mémoire...


À suivre pour ce que vous n'avez pas vu...

lundi 12 novembre 2012

CLEMENCEAU

10 novembre : téléfilm sur le Tigre ;
11 novembre : hommage de la Nation à tous les soldats morts pour la France ;
12 novembre : proposition d'allègement des programmes d'Histoire-Géographie de 1ère et de Terminale.
Faut-il y voir un lien?


DE MAL EN PIS.


Au risque de passer pour une éternelle mécontente, qui n'a cessé de protester contre les aberrations d'une réforme, entamée il y a quatre ans pour le lycée, cet enchaînement me semble bien révélateur du saccage délibéré de l'enseignement de l'Histoire et de la Géographie. Ce que la réforme n'aura pas achevé, son "détricotage" par le nouveau gouvernement devrait y parvenir.


Samedi soir, un téléfilm sur Clemenceau, honnête, bien que bizarrement ficelé et entrelardé de quelques images d'époque - sorte de caution historique sur la véracité de l'entreprise ? - et sauvé par l'interprétation un peu bourrue mais sensible de Didier Bezace, qui campe un Clemenceau quelque peu dandy mais bien conforme aux nombreuses sources dont nous disposons. Et l'évocation toute en nuances, de son amitié avec Monet, de la tendresse partagée avec Marguerite Baldensperger compensent la composition caricaturale de la journaliste québécoise !
Donc les images en noir et blanc, c'est l'Histoire... et le film en couleurs, c'est???...


Dimanche matin, hommage de la Nation à ses morts, sous la forme léguée par la présidence de Nicolas Sarkozy (qui voulait créer un musée de l'Histoire nationale !). Plus de poilu vivant à décorer, qu'à cela ne tienne, le 11 novembre sera désormais le jour de l'hommage à tous nos morts :
« Le 11 novembre, jour anniversaire de l'armistice de 1918 et de commémoration annuelle de la victoire et de la Paix, il est rendu hommage à tous les morts pour la France. Cet hommage ne se substitue pas aux autres journées de commémoration nationales ».

C'est une toute autre entreprise, honorable, nécessaire peut-être, et tout à fait justifiable, voire justifiée mais le choix de la date, de cette date, montre le manque de perspective historique et un amalgame qui doit faire frémir les mânes de Clemenceau !
Peut-on vraiment honorer dans un même moment le poilu de 14-18, le fantassin ou l'artilleur de Dunkerque, le colonial de Dien Bien Phu, l'appelé du contingent dans les Aurès et tous ceux et celles dont l'acte de décès porte la mention "Mort pour la France" ?
Oui, on le peut si on regarde la manière dont le programme d'Histoire a été déconstruit en lisant la partie intitulée "La guerre au 20ème siècle" : deux guerres mondiales qui semblent s'enchaîner, la guerre froide qui se termine par l'éclatement du bloc soviétique et l'échec du communisme puis des "nouvelles conflictualités" aux contours bien flous. Mais il manque la révolution de 1917, les totalitarismes de l'entre-deux guerres, la décolonisation et le Tiers-Monde qui seront étudiés plus tard dans l'année, etc.
Alors, déclarer le 11 novembre, date anniversaire de la signature de l'armistice à Rethondes, journée d'hommage de la Nation à tous ses morts, ne pose plus aucun problème et va permettre d'enterrer définitivement ce qu'il est convenu d'appeler le devoir de mémoire, lequel devoir ne peut avoir de sens que si il est fondé sur une connaissance historique cohérente.


Lundi, annonce "officieuse" relayée avec une promptitude qui en dit long sur nos modes de communication et de concertation, d'un allègement des programmes d'Histoire et de Géographie de 1ère et de Terminale.
Voici un extrait de la prose ministérielle, relayée par l'association des professeurs d'Histoire-Géographie : Dans la colonne intitulée « mise en œuvre » du thème 3 de la partie « Histoire », les mots « Les totalitarismes face aux démocraties dans les années 1930 » sont supprimés.

Derrière les mots supprimés : la guerre d'Espagne, la montée du nazisme, les tensions internationales...
et dire que le sous-titre de ce programme de 1ère est : "Pour comprendre le 20ème siècle" !

Bon courage !

samedi 29 septembre 2012

FAIRE DIALOGUER LES TABLEAUX ?

Étrange travail demandé à mes élèves de Terminale, qui ont eu le courage de s'y atteler et de le rendre dans le délai "impossible" indiqué.



  • Deux siècles et demi les séparent.
    Le Tricheur à l'as de carreau - Georges de la Tour 1635                           Les Joueurs de cartes - Paul Cézanne 1895

Entrons dans le tableau puisque le tricheur semble nous y inviter. Il nous rend complices de ce qui est en train de se dérouler ; son air finaud laisse à penser qu'il n'en est pas à son coup d'essai. Cependant, le regard échangé par les deux femmes révèle une autre complicité, sans doute bien plus profonde. Tout est déjà dit entre elles, les mots ne sont plus nécessaires, un battement de paupières suffit... Et éclatant d'inconscience et de son habit chamarré, le benêt, le dindon - il est riche, plumons-le ! - examine son jeu d'un air impavide et satisfait.
Le trait dense et rigoureux de la Tour, auquel s'ajoute une lumière froide qui sculpte et lisse les visages, tout en faisant éclater la richesse chromatique des vêtements et parures, ajoute à son intensité dramatique.

Quel contraste avec les taches de couleurs automnales de Cézanne, lancé dans une recherche interminable de la géométrisation des formes de la nature pour satisfaire la conviction qui l'emplit qu'il parviendra ainsi à une expression artistique plus universelle. La perspective commence à s'effacer, la verticalité s'impose dans la composition du tableau qui se structure autour d'un axe "d'asymétrie". Mais les deux artistes ont su rendre la tension palpable de certaines parties de cartes.


  • Ennemis d'hier, victimes à jamais.
C'est dans une monstrueuse "bataille" ou une terrible partie de poker menteur que les joueurs disloqués de Léger et Dix ont été enrôlés. Pouvaient-ils y échapper ?
Léger, en 1917, transforme les poilus des tranchées en sortes de mannequins robots démontables, constitués de tubes aux reflets d'acier et interchangeables mais déjà en train de se déglinguer. Les quelques 1600 jours de ce conflit ont compté plus de temps d'attente que d'engagements actifs, mais leur violence a été telle qu'elle est restée gravée dans la mémoire - et le corps - de ceux qui en ont réchappé.

Les gueules cassées d'Otto Dix - peintre dégénéré aux yeux des nazis - parlent de l'après-guerre tout en racontant aussi les horreurs de cette guerre que l'on dit "totale" : le gaz qui brûle les poumons, les shrapnels qui explosent en milliers de fragments capables de vous arracher un bras ou la tête... Ceux-là sont marqués dans leur chair aussi par cette incroyable puissance dévastatrice de la guerre, et l'acier des soldats de Léger fait partie désormais de leur corps mutilé.
Le tricheur détournerait sans doute les yeux de ce spectacle insoutenable et le beau jeune homme pourrait-il un jour, à son tour, être tué ou détruit, défiguré par la guerre ? Mais le jeune homme aura peut-être un piston, un soutien pour être affecté à l'arrière et le tricheur, mobilisé comme des millions d'autres, n'aura pas trop de sa débrouillardise pour résister aux maux de la guerre, jusqu'à l'héroïsme peut-être.


La partie de cartes la plus ordinaire peut dégénérer en pugilat à cause d'un tricheur ou d'un mauvais joueur ; l'assassinat d'un archiduc autrichien peut mettre le monde à feu et à sang.
L'art remplit alors sa fonction : dire l'indicible, rendre perceptible le ressenti et en nous incitant à ouvrir les yeux, nous amener à une meilleure appréhension de ce qui nous entoure.
Changer de regard pour changer (par petites touches, modestement) le monde.

dimanche 23 septembre 2012

ÉBLOUISSEMENT...



MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS


La grande nef du musée des Arts Décoratifs s'est transformée en caverne d'Ali Baba.

La maison Van Cleef & Arpels y expose ses plus belles réalisations du 20ème siècle et déroule sous nos yeux une autre histoire, celle de la passion pour les pierres précieuses et de l'invention créative qui les a mises en valeur dans des bijoux qui nous laissent sans voix.
La scénographie, dans une tonalité bleu nuit, qui fait encore mieux ressortir l'éclat des pierres, admirablement éclairées, nous fait entrer dans un rêve où les bijoux exposés, semblent pour certains flotter dans des colonnes de lumière tamisée.


La valeur marchande de cette collection doit être pharamineuse, mais elle n'est rien devant cette union de la beauté des pierres, de la perfection technique et du génie...
À voir pour le plaisir!




www.lesartsdecoratifs.fr
Dossier très complet sur le site du musée.

lundi 17 septembre 2012

FIN DE LA PAUSE ESTIVALE...

Après un été si contrasté entre climat très, très océanique et canicule heureusement brève (39°C à Paris), espérons ne pas entrer trop rapidement dans les pluies et les frimas. Ces passionnantes considérations météorologiques étant faites, passons aux considérations plus culturelles.


Architecture contemporaine à Rome


La Ville Éternelle recèle bien des trésors, dont nous ne nous lassons pas, et nous y avons nos petits endroits préférés, notre église de prédilection, notre fontaine etc... la liste est longue voire interminable.

Rome compte aussi quelques bâtiments très récents, du début des années 2000 et certains d'entre eux ne manquent pas d'intérêt, en dépit de leur dénomination un peu déroutante et leur situation quelque peu excentrée.

  • MACRO : Museo d'arte contemporaneo ROMA




Le MACRO est établi sur deux sites complémentaires, le second étant encore une ébauche. Ces deux espaces réutilisent des bâtiments pré-existants avec pas mal d'inventivité, même si le site du MACRO Future, installé sur les anciens abattoirs de la ville est un peu macabre avec ses glissières et ses crochets pour faire circuler les carcasses!!

  • MAXXI : Museo delle arti del XXI secolo


Ce bâtiment, inauguré en 2011, aux lignes aigues et épurées, est dû au talent de Zaha Hadid, architecte d'origine iranienne qui fait partie des plus grands architectes contemporains.



Les très vastes espaces intérieurs, à la lumière modulée par de grandes lames qui atténuent la très forte luminosité de l'éclairage zénithal, se prêtent tout particulièrement aux grands formats et volumes fréquents dans l'art contemporain.
Ce parti pris tranche dans la palette ocre de la ville éternelle et affirme ainsi une présence forte et attractive, le premier étonnement passé.




Pour en savoir plus :
www.museomacro.org
www.fondazionemaxxi.it

samedi 12 mai 2012

BERTHE MORISOT (fin)

Pas d'hésitation, il faut y aller!



La traversée du Bois de Boulogne a relevé de l'exploit, compte tenu de la fermeture de nombreuses voies mais la persévérance a été récompensée.

L'univers de Berthe Morisot est familier, intime et sur ce support si évident, sa technique progresse, la touche illumine juste le point nécessaire qui va permettre de fixer sur la toile l'impression fugitive...


Tout est là, et on s'y trouve bien.
Plus d'informations

vendredi 11 mai 2012

BERTHE MORISOT

Belle-sœur de... ; épouse de... ; mère de... Berthe Morisot a bien été cela, mais son œuvre est rarement évoquée pour elle-même, sans référence à son entourage familial. Le Code Napoléon a enfermé les femmes dans un carcan légal qui en fait de sempiternelles mineures, et Berthe Morisot n'y échappe pas.

Issue de la bonne bourgeoisie, elle a la chance de bénéficier des conseils précieux de Corot qui l'emmène peindre sur le motif, et elle participe à la première exposition des impressionnistes chez Nadar en 1874, aux côtés des Monet, Degas,... L'univers de Berthe semble paisible, empli de rires d'enfants, de fruits cueillis sur l'arbre, de goûters en plein air ; les enfants et leur mères sont entourés d'un halo de tendresse, sans aucune mièvrerie.

La sérénité d'une femme et artiste épanouie, mais la passion est là, sous-jacente et le travail acharné de Berthe Morisot en témoigne de même que la mort précoce de son époux, Eugène Manet, la submergera d'une vague de souffrance et de chagrin qui restera toujours présente au fond de son regard sombre et intense.

Le contraste est saisissant avec la blondeur de ses portraits et la fraîcheur des paysages.
 
 

Musée Marmottan

Dossier de presse à télécharger :

samedi 21 avril 2012

LE CORBUSIER... ENCORE !

Le gymnase de Bagdad dessiné par Le Corbusier (12 avril 2012)
Un gymnase commandé à Le Corbusier en 1957 par l’Irak, et achevé sous Saddam Hussein dans les années 1980, est en train d’être restauré à Bagdad.

Le Gymnase de Bagdad, situé dans l’est de la capitale irakienne, n’est qu’un élément de la vaste Cité olympique projetée par un pays alors ouvert sur le monde, qui espérait accueillir les J.O. de 1960. Le Corbusier était alors au sommet de sa gloire.

La révolution de 1958 a mis le projet en sommeil, Saddam Hussein l’a réveillé en 1980. Il a été achevé deux ans plus tard, bien après la mort de son concepteur, décédé en 1965.

Le gymnase de Bagdad dessiné par Le Corbusier
Les spécialistes occidentaux ignoraient tout du gymnase. C’est une chercheuse française, Caecilia Pieri, qui l’a découvert en 2005, inconnu même de la Fondation Le Corbusier. Avec l'aide de la France, la rénovation est en cours mais tend à s’éloigner de la vision du maître : les gradins se sont couverts de sièges de couleurs vives, des faux plafonds bloquent la lumière zénithale dans les vestiaires. Cependant, la ligne générale de l'édifice, avec ses courbes caractéristiques, et la façade extérieure lui restent fidèles, avec les symboles fétiches de Le Corbusier gravés dans le béton, ainsi que cette conviction : « Là où naît l’ordre naît le bien-être ».

lundi 9 avril 2012

BD : PROFUSION

Angoulême 2012


  • Un président du jury hors norme
C'est, en effet, une des grandes figures de la BD américaine qui a présidé, cette année, aux destinées du festival d'Angoulême. Son univers est bien loin des "petits Mickeys" dénoncés par les détracteurs du 9ème art. C'est dans l'interrogation la plus lourde et la plus douloureuse du 20ème siècle qu'Art Spiegelman a trouvé son public et son succès, à laquelle il aura consacré plus de 20 ans de sa vie et aussi pour tenter de comprendre un père, rescapé d'Auschwitz, disparu en 1982.

Le récit, où les personnages sont incarnés par des souris et des chats, ne banalise ni n'atténue en rien la monstruosité : cette transposition aide peut-être simplement à supporter l'abominable. La puissance de cet ouvrage est renforcée sans doute par la simplicité du trait et le choix du noir et blanc. Et le jury du Pulitzer en 1992 ne s'y est pas trompé, en décernant ses lauriers pour la première fois à une BD.

Spiegelman publie cette année Metamaus, retraçant tout l'historique de ce récit de la vie de son père Vladek, à travers laquelle est racontée la Shoah. Textes, croquis, dessins, interviews, lettres, conversations... tout y est et cela permet de mesurer à la fois l'exigence du travail et la profondeur du doute sur une telle entreprise. Metamaus pose aussi la question de la place et de la responsabilité de l'artiste devant un tel sujet qui le hante et continue de le hanter dans sa dimension historique et dans son implication personnelle.
À voir : exposition au Centre Pompidou

  • Le grand prix 2012 : Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle
Après Pyong Yang, Chroniques Birmanes, Shenzen, Guy Delisle poursuit ses ouvrages au gré des missions d'une compagne travaillant dans l'humanitaire. La dernière livraison de ces péripéties nous emmène à Jérusalem où nous découvrons, dans le dessin stylisé et sobre de cet auteur, les arcanes complexes de la ville trois fois sainte, peut-être, mais surtout au cœur d'un imbroglio géopolitique tellement verrouillé que la vie quotidienne y devient une aventure de tous les instants, non sans risques mais aussi avec la promesse de rencontres surprenantes. Une sorte de planète posée sur une poudrière, en équilibre instable et dont nous avons ici un vadémécum illustré dont la validité doit pouvoir changer dans la minute suivante.
Situations banales qui tournent au cauchemar ou à l'absurde, personnages hauts en couleur et n'ayant plus conscience de vivre dans un univers parallèle, communautés repliées sur elles-mêmes dans une des villes les plus cosmopolites, royaume de la corruption et de la violence sur la terre où fut délivré la parole de Dieu...
Passionnant et d'une grande lucidité.

  • Retour vers la couleur
    Merci à Maylis pour la présentation de cette BD qui n’en est pas une... ni un roman graphique... C’est une histoire en image.

    Les Amateurs, de Brecht Evens (Ed. Actes Sud)

    jeudi 22 mars 2012

    UN PRINTEMPS FÉMININ

    Artemisia et les autres...


    • Artemisia Gentileshi
    « Je ferai voir à Votre Très Illustre Seigneurie ce que sait faire une femme. »

    C'est en ces termes qu'Artemisia Gentileschi, femme peintre, s'adresse à l'un de ses mécènes. Fille et femme de peintre, Artemisia a laissé une œuvre d'une puissance et d'une intensité remarquables qu'il est difficile de ne pas mettre en relation avec sa vie extraordinairement mouvementée.
    Sans revenir en détail sur les drames et les péripéties de sa vie privée, marquée par la violence masculine, on est frappé par le volontarisme de son parcours.

    A 17 ans, elle épouse un peintre florentin, pour se mettre à l'abri de la désapprobation générale suscitée par son viol et la condamnation de son agresseur, dans une société où le viol déshonore d'abord la victime et sa famille.
    Pour échapper à la mort sociale qui la guette, elle quitte Rome pour Florence et reprend ainsi une carrière déjà prometteuse. Le grand-duc Cosme ne s'y trompe pas et elle devient une des figures en vue de Florence. En 1616, elle est la première femme à intégrer la prestigieuse Accademia del Designo, ce qui lui donne une totale liberté artistique et professionnelle.
    Le retour un peu précipité à Rome en 1620 se heurte à l'hostilité de son père Orazio, qui supporte mal le succès de sa fille parmi les caravagesques romains.
    Son parcours la mènera ensuite à Venise puis à Naples où elle dirigera un grand atelier.

    Judith décapitant Holopherne
    Artemisia s'est aussi autorisée à s'attaquer à la peinture d'histoire, la plus noble aux yeux des académies et des commanditaires et elle a su y faire passer les réminiscences et les traumatismes d'un univers violent où les femmes doivent trouver les moyens de leur survie.
    L'affiche de l'exposition en est un exemple frappant, l'influence du Caravage évidente mais la composition de la toile souligne tout à la fois la détermination des deux femmes, leur complicité et dans le même temps un certain dégoût ou réticence. La violence est sourde, intense et le regard révulsé de la victime en marque le paroxysme.
    L’œuvre sensuelle et violente d'Artemisia Gentileschi figure parmi les grands noms de la peinture italienne du Seicento ; dans une de ses lettres, elle écrivait : « Vous trouverez en moi l'âme de César dans un corps de femme ».

    Il est certain que dans sa peinture, on découvre une puissance qui démontre que l'expression artistique des passions, n'est pas l'apanage d'un sexe mais que certaines thématiques elles le sont, très clairement.

    Musée Maillol

    51 rue de Grenelle
    75007 Paris
    www.museemaillol.com

    • Berthe Morisot
    À suivre... Berthe Morisot

    samedi 10 mars 2012

    DERNIÈRES TROUVAILLES

    • Damien Hirst
    Cet artiste est un bon exemple de la puissance du marché de l’art et de certains galeristes aux moyens financiers à faire pâlir d’envie le gouvernement grec ! Larry Gagosian, richissime galeriste new-yorkais, expose dans ses onze galeries une rétrospective des Spot Paintings que l’artiste anglais Damien Hirst a réalisées depuis 1986. Cette série peut s’assimiler à l’art conceptuel mais rappelle aussi étrangement les idées du groupe BMPT (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni) et leur expositon provocation de 1967 à Paris composée de 4 toiles : bandes verticales de Buren, rond noir sur fond blanc de Mosset, bandes colorées horizontales de Parmentier et touches carrées en quinconce de Toroni.

    Créations Damien Hirst - Galerie Gagosian
    Il y a donc peu à voir, peu à ressentir, peu de créativité et pourtant… ça marche.

    Conclusion du critique de Télérama, Olivier Céna :
    « Lui (D.H.) a tout compris de notre époque. Il travaille à l’image des banques : il ne donne pas, ne produit rien et ne prête qu’aux riches. »

    Et pour le plus grand bonheur de Larry Gagosian !

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    • Des tubes à la Maison Rouge
    Beau mot d’ordre pour cette exposition originale qui célèbre le siècle d’existence de ce mode d’éclairage auquel certains artistes ont donné ses lettres de noblesse. Utilisé et valorisé dans la plupart des courants artistiques de la deuxième moitié du 20ème siècle, on le retrouve coloré, travaillé, tordu, transformé chez des artistes conceptuels comme Joseph Kosuth, des représentants du Nouveau Réalisme comme Martial Raysse ou de l’Arte Povera comme Mario Merz...
    Jusqu'au 20 mai à la Maison Rouge : “Neon : who’s afraid of red, yellow and blue?”.


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    • Cinémathèque de Paris

    L’exposition Tim Burton s’installe à Paris après avoir passionné les foules à New York. L’univers déroutant et complexe de l’étrange monsieur Tim.


    mercredi 29 février 2012

    ARCHITECTURE : La plus haute récompense

    Wang Shu, lauréat de la Médaille Pritzker que l'on qualifie souvent de prix Nobel de l'architecture

    La Fondation Hyatt a désigné l'architecte chinois Wang Shu, 48 ans, comme le lauréat du prix Pritzker 2012 pour l’ensemble de son œuvre. Il recevra un chèque de 100 000 dollars et une médaille honorifique le 25 mai prochain à Pékin.

    « Comme dans toute grande architecture, l’œuvre de Wang Shu est capable de transcender le débat entre tradition et modernité, en produisant une architecture qui est hors du temps, profondément ancrée dans son contexte et pourtant universelle. »
    Lord Palumbo, président du jury


    Modernité et tradition dans un savant mélange de cultures, une architecture à forte identité nationale mais totalement novatrice et accessible dans notre espace mondialisé. L'architecture est un des moyens de créer une cohérence et une appartenance dans nos espaces urbanisés, hyper-densifiés où chacun peut trouver son rythme et son refuge. Nous savons à quels défis la poursuite de l'urbanisation nous confronte, en particulier pour maintenir un équilibre entre espace urbanisé et espace agricole et rural, sous peine de très graves pénuries alimentaires. La Chine, puissance émergente et géant démographique, dont le taux d’urbanisation reste inférieur à la moyenne mondiale est et sera particulièrement concernée par ces enjeux formidables. Elle n'aura donc pas trop de talents à solliciter pour y faire face.

    Pour découvrir l’œuvre de Wang Shu, une visite sur le site de la fondation Hyatt s'impose.
    Beaucoup de photos, mais affûtez votre anglais ou alors passez au chinois !
    www.pritzkerprize.com/


    ARCHITECTURE DES MUSÉES : extensions hors les murs...

    Après le Guggenheim, le Louvre, Beaubourg, c'est au tour de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg de s'offrir une escapade vers la Hollande.
    Amsterdam s'offre un petit morceau de l'Ermitage et des somptueuses collections de Catherine II, exposées parfois pour la première fois aux yeux du public.
    Peintures, objets d'art... un univers de raffinement, de luxe et de talent qui montre combien l'influence française et occidentale était importante en Russie à la fin du 18ème siècle.
    Ces richesses feront l'objet de deux accrochages différents cette année, de quoi consoler les touristes dépités de la fermeture pour travaux d'une grande partie du Rijksmuseum. La visite de l'Ermitage d'Amsterdam, installé dans un bâtiment du 17ème, totalement rénové, devrait les séduire.


    Bonne visite virtuelle !


    Exhibition Programme - Hermitage Amsterdam 2012-2014
    Rubens, Van Dyck & Jordaens : jusqu'au 15 juin 2012
    Impressionism: Sensation & Inspiration : 16 juin 2012 – 13 janvier 2013
    Van Gogh-collection : 29 septembre 2012 – 25 avril 2013
    Peter the Great : 23 février 2013 – 13 septembre 2013
    Gauguin, Bonnard, Denis : 14 septembre 2013 – 12 mars 2014