jeudi 22 mars 2012

UN PRINTEMPS FÉMININ

Artemisia et les autres...


  • Artemisia Gentileshi
« Je ferai voir à Votre Très Illustre Seigneurie ce que sait faire une femme. »

C'est en ces termes qu'Artemisia Gentileschi, femme peintre, s'adresse à l'un de ses mécènes. Fille et femme de peintre, Artemisia a laissé une œuvre d'une puissance et d'une intensité remarquables qu'il est difficile de ne pas mettre en relation avec sa vie extraordinairement mouvementée.
Sans revenir en détail sur les drames et les péripéties de sa vie privée, marquée par la violence masculine, on est frappé par le volontarisme de son parcours.

A 17 ans, elle épouse un peintre florentin, pour se mettre à l'abri de la désapprobation générale suscitée par son viol et la condamnation de son agresseur, dans une société où le viol déshonore d'abord la victime et sa famille.
Pour échapper à la mort sociale qui la guette, elle quitte Rome pour Florence et reprend ainsi une carrière déjà prometteuse. Le grand-duc Cosme ne s'y trompe pas et elle devient une des figures en vue de Florence. En 1616, elle est la première femme à intégrer la prestigieuse Accademia del Designo, ce qui lui donne une totale liberté artistique et professionnelle.
Le retour un peu précipité à Rome en 1620 se heurte à l'hostilité de son père Orazio, qui supporte mal le succès de sa fille parmi les caravagesques romains.
Son parcours la mènera ensuite à Venise puis à Naples où elle dirigera un grand atelier.

Judith décapitant Holopherne
Artemisia s'est aussi autorisée à s'attaquer à la peinture d'histoire, la plus noble aux yeux des académies et des commanditaires et elle a su y faire passer les réminiscences et les traumatismes d'un univers violent où les femmes doivent trouver les moyens de leur survie.
L'affiche de l'exposition en est un exemple frappant, l'influence du Caravage évidente mais la composition de la toile souligne tout à la fois la détermination des deux femmes, leur complicité et dans le même temps un certain dégoût ou réticence. La violence est sourde, intense et le regard révulsé de la victime en marque le paroxysme.
L’œuvre sensuelle et violente d'Artemisia Gentileschi figure parmi les grands noms de la peinture italienne du Seicento ; dans une de ses lettres, elle écrivait : « Vous trouverez en moi l'âme de César dans un corps de femme ».

Il est certain que dans sa peinture, on découvre une puissance qui démontre que l'expression artistique des passions, n'est pas l'apanage d'un sexe mais que certaines thématiques elles le sont, très clairement.

Musée Maillol

51 rue de Grenelle
75007 Paris
www.museemaillol.com

  • Berthe Morisot
À suivre... Berthe Morisot

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