lundi 6 janvier 2014

LE MOUVEMENT ARTS AND CRAFT

Ce mouvement artistique et intellectuel émerge au sein de l’Angleterre victorienne à la fin du 19ème siècle en réaction aux excès de la Révolution industrielle qui a fait de la Grande-Bretagne la première puissance économique et financière du monde. Mais prospérité économique, solidité financière, stabilité politique et puissance coloniale ne sont pas également partagées et la misère d’une bonne partie de la classe ouvrière entassée dans des quartiers insalubres et dangereux où les familles s’entassent et où la violence est quotidienne, finissent par choquer certains. Le mouvement Arts and Craft participe d’une réflexion esthétique et sociale qui naît avec le Gothic Revival pour s’épanouir avec les pré-Raphaëlites dont certains noueront des liens avec la Fabian Society.

  • Le Gothic Revival
Le 18ème siècle rationaliste et néo-classique avait rejeté l’esthétique complexe du gothique, la renvoyant dans les « dark ages » où l’empirisme et l’irrationnel régnaient en maîtres. Le courant romantique est retourné vers ces richesses culturelles et artistiques plus en accord avec ses attentes. L’influence de cette redécouverte et relecture du gothique est visible surtout en architecture et en littérature : Pugin en est le grand architecte, et la reconstruction du Parlement fait de ce vaste ensemble un véritable manifeste néo gothique. En littérature, le roman historique « médiévalisant » remporte un franc succès avec les œuvres de Sir Walter Scott et William Beckford.

  • Les pré-Raphaëlites
En peinture, le mouvement est lancé par Ford Madox Brown qui se réfère à la peinture des primitifs italiens ou flamands, avant l’arrivée de Raphaël et surtout de la norme que son talent a imposé, d’après lui, aux générations suivantes. Paradoxalement, la peinture de Ford Madox Brown en particulier, et des pré-raphaëlites en général, est très peu novatrice sur le plan formel, voire même plutôt académique et assez froide. Ce sont les thèmes retenus, comme ceux issus du cycle arthurien, qui témoignent de leurs recherches et un goût pour la composition et les cadrages originaux dénotent l’influence nouvelle de la photo.
Le vrai chef de file de la fraternité pré-raphaëlite est le peintre Dante Gabriele Rossetti, proche de William Morris fondateur du mouvement Arts and Craft et de sa belle épouse Jane… La tentative de travailler ensemble, au sein de cette fraternité inspirée des guildes du Moyen-Âge échouera car les personnalités de chacun des membres était bien trop forte et individualiste&nbsp: John Everett Millais, William Holman Hunt et William Morris.
Ces artistes sont nourris de la pensée de John Ruskin, émule de Pugin, dont l’ouvrage Les Sept Lampes de l’Architecture est une référence incontournable ainsi que Les Pierres de Venise.


  • Le mouvement Arts and Craft
« L’art dans tout et tout dans l’art » telle pourrait être la devise de William Morris.
Loin de l’atmosphère nauséabonde des villes industrielles, à proximité d’une nature préservée et nourricière où artistes et artisans puisent leur inspiration, l’homme pourrait vivre une vie digne et sobre, au cours de laquelle la contemplation de la beauté simple du cadre quotidien lui apporterait le bonheur. Les savoir-faire ancestraux, pratiqués à un niveau d’excellence avec des matériaux nobles et locaux seraient la garantie de ce bonheur simple (avec quelques concessions à la modernité et à la production en série pour des motifs économiques).

William Morris exerce ses talents dans de nombreux domaines de la peinture à la typographie, de la littérature à la reliure, toute son activité étant traversée par un idéal social qui le rapproche du socialisme réformateur de la Fabian Society.


Sur le plan esthétique, le mouvement Arts and Craft va à son tour inspirer l’Art Nouveau qui se développe en Europe dans les années 1890 et s’étiole avant le début de la Première Guerre Mondiale.

Un site Internet intéressant : www.fashion-era.com/the_mood_of_edwardian_society

FRIDA KAHLO / DIEGO RIVERA À L'ORANGERIE DES TUILERIES


L’Orangerie retrace le parcours de ce couple d’artistes hors norme, tant dans leur œuvre que dans leur vie et même leur physique ; deux ego qui s’affrontent et se soutiennent au long d’une vie privée houleuse et passionnée, nourrie d’engagement politique et de recherche esthétique.

  • Un parcours fusionnel ?
L’œuvre de Frida Kahlo, auto-centrée, est le reflet d’une impuissance désespérée liée à la maladie et à l’accident qui la condamnent à une vie de souffrance et de repli. L’espace de Frida Kahlo se limite le plus souvent aux murs de sa chambre ou de sa maison et à sa propre histoire.


Cet enfermement est sans doute une des clés pour comprendre sa passion pour Diego Rivera, géant aux appétits difficiles à assouvir, animé lui aussi d’un souffle pour une peinture engagée, comme en témoignent ses « murales » racontant l’histoire du Mexique dont il donne une lecture colorée et partisane.


La mise en œuvre de l’exposition, concentrique, en rend la lecture un peu confuse et incite à des allers-retours peu compatibles  avec la foule qui s’y presse. Des taches éclatent sur les murs et attirent le regard : le premier autoportrait de Frida, madone maniériste, sensuelle et lointaine, au regard sombre et brillant ; le portrait d’une fillette aux grands yeux noirs, sur un fond lilas et vert d’eau d’une grande douceur ; le grand bouquet d’arums au blanc éclatant…
Le muralisme mexicain, dont Rivera est un des fondateurs, est évoqué par quelques fresques sur l’histoire du Mexique, les excès de la colonisation, les injustices sociales et économiques… et tout un panneau explique la technique de Rivera des premiers croquis jusqu’à l’œuvre achevée, démontrant la rigueur de son travail de composition de ces "murales".

Exposition bien courte cependant, avec un choix d’œuvres assez limité mais de qualité et dont le bouche à oreille a du être bien élogieux au vu de la longue file d’attente à l’extérieur en plein vent !

Site du Musée de l'Orangerie

  • Et un bon complément, pour une bonne soirée d'hiver...
Frida retrace la vie mouvementée de Frida Kahlo, artiste peintre mexicaine du XXe siècle qui se distingua par son œuvre surréaliste, son engagement politique en faveur du communisme et sa bisexualité. Le film se concentre également sur les relations tumultueuses de Frida avec son mari, le peintre Diego Rivera, et sur sa liaison secrète et controversée avec Léon Trotski.

Date de sortie : 16 avril 2003
Durée : 2h00min
Réalisé par : Julie Taymor
Avec : Salma Hayek, Alfred Molina, Geoffrey Rush...

Source : Allociné