lundi 28 octobre 2013

LA FIAC, UNE FOIRE À DEUX VITESSES ?

40ème édition de la FIAC, Foire Internationale d'Art Contemporain sur laquelle souffle un vent d'optimisme car Paris semble avoir retrouvé une place éminente en matière d'art contemporain, tant pour la création que pour le marché, devant les places américaines ou japonaises.



  • Un Grand Palais "sanctuarisé" ?
Pour reprendre un adjectif très souvent utilisé au sujet de l'école (qui, soit dit en passant, est laïque !) le Grand Palais est devenu le Saint des saints réservé aux élus, encore nombreux, je le reconnais, qui peuvent débourser 35 euros : la sanctuarisation par l'argent, les marchands du Temple ont encore de beaux jours devant eux.

  • La FIAC hors les murs
Pour les badauds, le vulgum pecus, plusieurs lieux prestigieux, sont accessibles gratuitement et pour encore quelques jours, comme le Jardin des Plantes et le Jardin des Tuileries, le site Internet de la FIAC permet une première approche des œuvres exposées, venues du monde entier. En dehors de nos appréciations personnelles, on peut s'interroger sur les possibilités réelles de jeunes artistes pour tenter d'exister dans cette nébuleuse mondialisée où quelques étoiles attirent les regards au milieu d'une myriade de grains de poussière... La problématique est assez proche pour les galeristes. C'est là que le collectionneur intervient, poussé par une réelle passion qui le guide dans ses choix et lui fait prendre des risques mais c'est là aussi qu'intervient le spéculateur ou le frimeur qui veut acheter, cher et coté.

Parmi les lieux prestigieux, la place Vendôme offre son cadre somptueux et minéral aux cabanes de Tadashi Kawamata.
Né en 1953, dans le nord du Japon, Kawamata accède à la scène mondiale dans les années 1980, en particulier après sa première invitation à la biennale de Venise en 1982.
Après des études de peinture, il a commencé à utiliser le cadre de bois de ses toiles comme matériau de ses créations et à les exposer en tension entre l'intérieur et l'extérieur ouvrant ainsi de nouveaux espaces de déconstruction puis de reconstruction. Il s'inspire aussi des abris précaires des SDF et de leur place dans l'espace urbain et les installe dans des lieux difficilement accessibles comme des arbres, donnant ainsi une autre dimension à cette thématique de l'abri. C'est ce type d'œuvre qui a été installé sur la colonne Vendôme.


Comment apprécier et évaluer une œuvre de ce genre ? Quelles sont ses qualités intrinsèques ? Comment percevoir la qualité et la validité de ce travail ? Comment le coter et justifier cette côte ? On perçoit dans le parcours de Kawamata une cohérence, une rigueur qui traduisent l'exigence de l'artiste : par ses installations, ses créations, il se confronte au monde en le déconstruisant puis en tentant de le reconstruire. Il modifie notre lecture de l'espace pour nous introduire dans son univers. Une des clés pour non pas comprendre, - ce serait présomptueux - mais s'approcher de l'art contemporain réside peut-être dans l'idée qu'il faut aller par delà l'œuvre elle-même pour trouver une parcelle de la vérité de l'artiste.

Cette installation de la place Vendôme me rappelle les pratiques de certains ermites des premiers siècles du christianisme : les stylites qui restaient perchés sur leur colonne indéfiniment pour se consacrer à la prière. Le plus célèbre d’entre eux, Siméon le Stylite, avait érigé sa colonne dans le désert syrien, pas si désert que ça, et y était resté quarante années mais avec quelques petits aménagements en particulier pour l'évacuation des "eaux usées" et pour l'empêcher de tomber quand il dormait ! Et comment y monter ? Kawamata a sans doute la réponse quand il se décrit comme un oiseau migrateur qui va et vient d'un nid à l'autre, chaque année.

www.fiac.com

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